Le rôle d’aidant est bien plus qu’une simple responsabilité quotidienne. C’est un acte de bienveillance envers notre proche qui implique un profond engagement. Cependant, trop souvent, il reste invisible à première vue, à la fois pour celui qui exerce ce rôle comme pour son entourage.
Nombreux sont les aidants qui ne se rendent pas compte immédiatement qu’ils jouent ce rôle, se retrouvant souvent peu à peu confrontés aux responsabilités sans forcément reconnaître qu’ils ont franchi un cap important. Malheureusement, c’est souvent lorsque la charge devient lourde, lorsque la fatigue et le stress commencent à peser, que beaucoup prennent conscience de leur rôle.
Il devient plus que jamais essentiel de prendre un moment pour reconnaître et accepter ce rôle d’aidant. Non pas pour s’en accabler, mais pour en tirer la force de mieux le vivre, et pour accepter de se faire soi-même soutenir. Savoir reconnaître que l’on est aidant est le premier pas et un enjeu crucial pour assumer, au fil du temps, toutes les contraintes que ce rôle représente, et le vivre dans les meilleures conditions possibles. Pour l’aidant comme pour son aidé.
Mais comment savoir si l’on est un aidant ? Comment éviter de se sentir submergé par les responsabilités quotidiennes ? Et, surtout, comment préserver son équilibre personnel tout en étant un aidant engagé ?
Cet article est le premier d’une série dédiée à soutenir les aidants, en leur ouvrant de nouvelles perspectives d’accompagnement de leur proche.
L’objectif de ce premier article est de mettre en lumière l’importance de « reconnaître que je suis un aidant », étape fondamentale pour mieux gérer son quotidien, préserver son bien-être, et maintenir des relations tendres et affectueuses avec son proche aidé. Nous donnons notamment quelques exemples qui permettent d’identifier les signes qui montrent que l’on est un aidant.
Ne l’oublions pas : être un aidant implique avant tout de prendre soin de soi, pour mieux prendre soin de ceux que l’on aime.
Comment puis-je me rendre compte que je suis aidant ?
Les signes précurseurs
Beaucoup de personnes ne réalisent pas immédiatement qu’elles sont aidantes. En effet, pour beaucoup, cela démarre par des petits actes ponctuels, une aide que l’on donne, mais qui reste occasionnelle. Puis, peu à peu, ces gestes deviennent plus réguliers, glissent vers des habitudes ou des routines, pour finalement s’imposer comme des responsabilités quotidiennes.
Il peut notamment s’agir de :
- L’accompagnement à des rendez-vous médicaux. Planifier les rendez-vous, gérer les trajets, et être présent pour poser des questions aux professionnels de santé ou prendre des notes sur les consignes. Effectuer le suivi de la bonne prise des médicaments…
- L’organisation de la maison. Être en charge en partie de l’entretien de la maison, de l’achat de matériel adapté, et de l’adaptation des espaces pour plus de sécurité.
L’habillage. Aider son proche à choisir ses vêtements, à s’habiller le matin ou à se déshabiller le soir. Cela peut également inclure la gestion des vêtements adaptés à des besoins spécifiques, comme pour les personnes ayant des troubles de la motricité.
La gestion des repas. Préparer les repas de son aîné en tenant compte des régimes alimentaires spécifiques comme le diabète, ou les intolérances alimentaires, ou aider à nourrir son proche s’il a des difficultés à manger seul.
- La gestion des finances. Aider son proche à régler ses factures, à vérifier ses relevés bancaires, ou à demander des aides financières spécifiques comme l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).
Chaque exemple illustre que ces responsabilités, bien que souvent réalisées avec amour, demandent du temps, de l’énergie et une organisation spécifique. Reconnaître ces contributions comme celles d’un aidant est essentiel pour valoriser son rôle et le travail accompli. Cela permet naturellement de légitimer le besoin de soutien pour éviter l’épuisement.
En se reconnaissant dans ces situations, c’est faire un pas vers une meilleure gestion de son rôle et de son bien-être personnel comme de celui se son proche aidé.
Le passage à l'aidance, un processus insidieux ?
Pour montrer combien l’aidance est un « processus » qui s’installe progressivement, prenons l’exemple de Jeanne, 50 ans, assistante dans une PME.
Après le décès de son papa il y a 3 ans, Jeanne a commencé par accompagner sa maman de 79 ans de temps en temps à ses rendez-vous médicaux. Ça rassurait sa maman de ne pas être seule. Et Jeanne était heureuse de passer ce temps là avec elle, et de la confiance que sa maman lui témoignait.
Avec le temps, et l’avancée en âge, les rendez-vous sont devenus de plus en plus fréquents. Jeanne a plusieurs fois dû poser des congés pour continuer à accompagner sa maman à ces rendez-vous.
Aussi, Jeanne a remarqué que sa maman mangeait moins, et elle s’est inquiétée un jour de retrouver des aliments périmés dans le réfrigérateur. Des aliments que sa maman comptait cuisiner le soir même pour son dîner. Du coup, Jeanne l’a aidée de plus en plus régulièrement à la préparation des repas, et prend maintenant du temps le week-end pour préparer quelques plats d’avance pour sa maman, que celle-ci n’aura plus qu’à réchauffer au micro-ondes. Elle a dû arrêter le tennis, auquel elle jouait tous les dimanches avec des amies. Elle n’a plus vraiment le temps.
Jeanne sait bien que sa maman va avoir de plus en plus besoin d’aide. Elle commence déjà à avoir du mal à mettre ses chaussettes ou à enfiler son gilet. Mais elle refuse de faire appel à une aide extérieure. Après tout, il s’agit de sa maman. Elle l’aime, et elle veut pouvoir l’accompagner autant que possible. D’ailleurs, elle ne pense pas que sa maman accepterait l’intervention d’une personne tiers. Elle ne lui a jamais vraiment demandé, mais Jeanne est certaine que sa maman refuserait. Et puis, que penserait-elle ? Que sa propre fille ne veut pas l’accompagner alors qu’elle en a besoin ? Elle se sentirait trop gênée de lui demander en fait…
Jeanne est devenue une aidante sans s’en rendre vraiment compte. Une aidante qui, au fil du temps, souffre de ses responsabilités difficiles à concilier avec sa vie personnelle. Une aidante qui ne peut s’empêcher aussi de ressentir de la culpabilité quand elle se sent fatiguée, surmenée, oppréssée par les nombreuses tâches qui lui incombent.
Bien sûr, être aidant est un rôle rempli de sens, d’amour et de bienveillance. Et il est nécessaire de reconnaître la beauté de ce rôle. Cependant, s’identifier aidant au plus tôt peut permettre de mieux se préparer, et d’anticiper une gestion des tâches dans le souci du bien-être de son aidé, comme de son propre bien-être.
Cet article vous plait ?
Soyez informé(e) en exclusivité de la publication de nos prochains articles.
Inscrivez-vous à notre newsletter !
Elles s'en sont rendues compte
Nous avons souhaité mettre en lumière deux témoignages bien distincts pour illustrer la diversité des situations que peuvent vivre les aidants. D’un côté, Pascale, aidante pour ses deux parents en perte d’autonomie légère, explique comment ce rôle s’est installé progressivement dans son quotidien, partagé avec ses frères et sœurs. De l’autre, Évelyne, aidante depuis plus de 12 ans pour son mari atteint d’amylose AL, témoigne du défi d’être confrontée à la maladie de son mari et que ce rôle a dû être assumé rapidement. Ces récits montrent que chaque parcours d’aidant est unique, mais toujours empreint de dévouement et de résilience.
Pascale a pris conscience récemment qu’elle était aidante pour ses deux parents en perte d’autonomie légère. Une prise de conscience qui s’est faite progressivement. « Je ne me rendais pas compte des gestes que je faisais, qui sont peu à peu entrés dans notre quotidien : ça a commencé par faire leurs courses, gérer le matériel médical. Puis, au fil du temps, on réalise l’ampleur des tâches, grandes ou petites. » Heureusement, Pascale fait partie d’une famille nombreuse (2 frères, et 3 soeurs), où les rôles peuvent être partagés et chacun a pris part à l’accompagnement de leurs parents. « Nous avons compris que nous étions tous aidants. Certains plus souvent que d’autres, mais nous le sommes tous. Aujourd’hui, nous avons appris à reconnaître ce rôle et à déléguer, en faisant appel à plusieurs personnes pour nous épauler. »
Évelyne, aidante depuis plus de 12 ans pour son mari atteint d’amylose AL, partage son expérience en tant qu’aidante. Comme la plupart des aidants, Evelyne a commencé à être aidante alors même qu’elle ne connaissait même pas le terme. Elle a dû faire face à cette situation lorsqu’elle a appris que son mari était atteint d’amylose. Dans son témoignage, Évelyne insiste sur l’importance de s’entourer, que ce soit d’associations, de professionnels ou de proches, pour faire face à la charge quotidienne.
Retrouvez l’intégralité de son témoignage ici
Les différents situations qui peuvent mener à l'aidance
De nombreuses situations, plus ou moins soudaines, peuvent entraîner un besoin d’assistance pour un proche.
- Un accident ou une chute : Un événement soudain, comme une fracture ou un traumatisme, peut nécessiter une assistance à court ou long terme.
- Une maladie chronique évolutive : Des conditions comme le diabète, la maladie de Parkinson ou l’insuffisance cardiaque peuvent engendrer des besoins croissants d’aide au quotidien.
- Un retour à domicile après une opération : Une période de convalescence post-chirurgicale, même temporaire, peut exiger une implication accrue.
- L’apparition d’un handicap lié à l’âge : Par exemple, une perte auditive sévère ou une déficience visuelle.
- Une situation de veuvage : Le décès du conjoint peut laisser la personne âgée isolée et nécessiter un soutien émotionnel et pratique.
- Une dégradation de l’état de santé général : Sans événement précis, une accumulation de fragilités peut faire émerger des besoins d’accompagnement.
- L’isolement social : Lorsque le proche âgé ne peut plus maintenir ses liens sociaux ou ses activités extérieures, les aidants doivent souvent intervenir pour combler ce vide.
- Une situation financière fragile : Une perte de revenus ou l’impossibilité de payer pour des services d’aide professionnels peut contraindre la famille à intervenir directement.
- Un diagnostic de maladie neurodégénérative : Par exemple, la sclérose en plaques ou la SLA, qui exigent un accompagnement progressif.
L'impact sur notre vie quotidienne
Lorsque l’on est aidant, il est évident que notre quotidien est transformé par les responsabilités que demande ce rôle. Cette transformation du quotidien donne lieu à une nouvelle organisation de vie. En adoptant une approche positive, on peut transformer les défis du rôle d’aidant en opportunités de croissance personnelle. Pour reconnaître si l’on est aidant, on peut se poser ces questions pour mesurer l’impact sur son quotidien :
« En quoi ma vie a-t-elle changé pour m’adapter aux besoins de mon proche ? »
Certains indicateurs peuvent démontrer que l’on est, ou que l’on tend à devenir, un aidant. Notamment :
- Des loisirs mis de côté. Se rendre compte que l’on ne trouve plus le temps ou l’énergie d’aller à nos activités hebdomadaires, au sport, car les obligations ou engagements auprès de nos ainés nous en empêchent. Ou encore annuler des sorties en famille ou avec des amis, ou les week-ends et vacances au loin, afin de rester disponible en cas de besoin urgent de notre proche.
Dans certains cas, cela peut aussi impacter la carrière
- Refuser ou reporter des opportunités professionnelles, car cela impliquerait moins de flexibilité pour aider notre proche.
Lorsque l’on commence à prioriser les besoins de notre proche au détriment de nos propres activités, cela est révélateur que nous sommes devenus un aidant. Ces choix, qui témoignent de notre dévouement et de notre bienveillance envers notre aîné, démontrent l’importance que l’on alloue à son bien-être. Mais rappelons-le, il est essentiel de ne pas oublier nos besoins, car prendre soin de soi permet de continuer à offrir un soutien sans faille à notre proche, tout en préservant notre équilibre personnel.
La détérioration des relations entre aidant et aidé
La relation entre nous aidants et notre proche aidé peut aussi profondément se transformer.
Lorsque l’un devient dépendant de l’autre, qu’on le veuille ou non, des dynamiques nouvelles s’installent : notre proche peut se sentir privé de son autonomie ou de son rôle décisionnel. Tandis que nous, aidant, et bien souvent sans nous en rendre compte, commençons à prendre des décisions à sa place, pensant agir dans son intérêt.
Ce changement peut malheureusement créer un malaise mutuel : l’aîné ressent une perte de contrôle sur sa vie, et l’aidant, malgré ses bonnes intentions, peut être perçu comme autoritaire.
Ces tensions, bien qu’elles puissent sembler inévitables, soulignent l’importance du dialogue et d’efforts pour respecter autant que possible les choix et l’autonomie de son proche.
Les idées reçues sur le rôle d’aidant
Le saviez-vous ?
Le rôle d'aidant peut être reconnu officiellement
Il existe la possibilité d’obtenir une reconnaissance officielle du rôle de proche aidant auprès de l’État, de l’employeur, ou d’organismes sociaux.
Cette reconnaissance est plus qu’un simple titre. Elle peut ouvrir des portes sur des droits et des soutiens pour concilier notre rôle d’aidant avec notre vie personnelle et professionnelle.
Est-ce vraiment intéressant de se faire reconnaître en tant qu'aidant ?
La réponse est oui. Cette reconnaissance peut transformer notre expérience d’aidant de manière significative. Elle permet notamment d’accéder à des droits spéciaux pour ce type de situation, comme : l’accès à des aides financières, telles que l’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA), des congés dédiés aux aidants, ou encore des solutions de répit qui vous permettent de souffler et de prendre du temps pour vous. Nous avons d’ailleurs un exemple de ce type de solution sur la plateforme qui est Baluchon France.
Dans le cas où l’on est salarié, cette reconnaissance peut aussi améliorer les relations avec notre employeur. Faire reconnaître son statut d’aidant peut lui permettre de mieux comprendre la situation et, éventuellement, aménager des horaires ou notre charge de travail quotidienne.
De plus, cette démarche offre l’accès à un soutien adapté, que ce soit des services d’aide à domicile, d’accompagnement psychologique, ou encore de formations pour mieux gérer les responsabilités.
Enfin, être officiellement reconnu comme aidant valorise notre rôle. Cela renforce notre légitimité auprès des administrations, mais aussi auprès de notre entourage. Ce qui peut souvent encourager d’autres membres de la famille à s’investir ou à apporter leur soutien. Cette reconnaissance est donc bien plus qu’un simple statut administratif : elle est essentielle dans certains cas pour mieux vivre ce rôle d’aidant au quotidien.
Comment se faire reconnaître en tant qu'aidant ?
Le processus pour être reconnu en tant que proche aidant nécessite des démarches administratives qui diffèrent selon la situation de la personne aidée, comme du proche aidant.
Comme les situations, et leurs réponses, sont complexes, nous vous invitons à consulter les sites et documents officiels ci-dessous, qui donnent chacun des précisions sur les étapes de ce processus de reconnaissance :
Reconnaître son rôle d'aidant, le premier pas vers une année plus sereine
Ce premier article marque le début de notre série dédiée aux aidants, et destinée à donner des pistes de refléxion nouvelles pour aborder ce rôle plus sereinement, et de manière la plus positive possible.
Nous espérons que ce premier épisode vous aura inspiré et donné des clés pour avancer.
Ne ratez-pas les prochains épisodes de notre série d’articles :
- « Épisode 2/5 : Redécouvrir le plaisir de passer du temps de qualité avec mon proche »
- « Épisode 3/5 : S’entourer pour mieux aider, l’art de déléguer »
- « Épisode 4/5 : Comment cultiver mon bien-être mental et physique »
- « Épisode 5/5 : Préparer l’avenir sereinement, assurer un futur harmonieux pour l’aidé et l’aidant »
Si vous n’êtes pas encore inscrit, abonnez-vous à notre newsletter pour être informé des derniers article publiés en priorité !
Vous êtes-vous reconnu en tant qu’aidant à travers ces lignes ?
Si oui, n’hésitez pas à nous partager votre expérience ou vos réflexions en commentaire en bas de cette page ⬇️. Nous serions ravis de connaître votre histoire !
Chez Toutpourlesaidants.com, nous souhaitons contribuer à l’épanouissement de vos aînés, notamment en vous proposant une sélection de solutions ludiques soigneusement choisis.
C’est par ici 👇🏼
Un échantillon de solutions qui pourraient vous intéresser
Toutpourlesaidants.com est l’annuaire complet des solutions innovantes pour le bien-vieillir à domicile.
Notre mission est de vous faciliter la découverte de solutions qui aideront votre parent/proche âgé à avancer en âge dans la joie, le confort, la sécurité. Pour plus de sérénité pour lui/elle, comme pour vous !